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Quelques Détails d'Hier
Soixante résidents (trisomiques, psychotiques, déficients...des GENS) peupleront le foyer quand toutes les chambres seront occupées, quelquesunes sont encore libres. Ils sont répartis en quatre sections de quinze chambres, selon leurs capacités si j'ai bien compris: Coquelicots, Forêt, Mimosas, Océan. Je suis le dernier membre du personnel à débarquer, l'Animateur (aide-éducateur, dit mon contrat...) pour l'Océan (les plus "propres" pour le débutant), aux côtés d'un éducateur-spécialisé, d'une monitrice-éducatrice et d'une aide médico-psychologique, par équipe de deux et par roulement. Hier matin, j'ai fait équipe avec Marylin la M.E, l'après-midi avec Sylvia l'A.M.P à l'Océan, et avec tous les corps de personnels des autres sections présents pour les périodes d'activités communes prévues pour les résidents (deux heures le matin et deux heures l'après-midi).
Arrivée à huit heures, en plein mouvement général pour le petit-déjeuner. Une foule de visages, de mains et de prénoms qui défile. Puis une phase d'observation, pour moi, des autres encadrants reversant du café, aidant pour une tartine ici ou là... en tant que de besoin.
Puis retour à l'étage avec Marylin, pour assurer la prise des traitements de chacun, dans des piluliers géants préparés par l'infirmière de l'établissement, que nous devons vérifier: cachets de toutes tailles, couleurs, sirops, gouttes, crèmes et pommades.
Ensuite la toilette. Les encadrants masculins ne peuvent s'occuper que des hommes, les encadrantes peuvent s'occuper de tout le monde. Je suis Marylin, dans les premières chambres, puis elle me laisse m'occuper de Mickaël, celui qui m'avait pris par la manche lors de ma visite.
Dans sa salle de bains particulière, comme chacun, rideau de douche tiré, il faut surveiller par miroir interposé que toutes les parties du corps sont lavées, le rappeler à la personne, et le faire si elle ne le fait pas ou ne le peut pas en raison des handicaps physiques (dos, pieds le plus souvent sont à laver par le personnel). Présence encore pour l'habillement, le brossage des dents et le rasage (obligatoire quotidiennement...pour moi aussi, gloups!). Vérification du linge donné à laver. Que le lit soit fait, avec reprise des détails imparfaits. Puis c'est au tour de la femme de ménage d'entrer en scène dans les chambres, que les résidents doivent quitter.
Bien, bien... Partie la plus éprouvante de cette première journée...
Puis ce sont les activités (atelier cuisine, esthétique, informatique ou sorties, toute idée bienvenue, c'est encore le stade de la mise en place) pour ceux qui le souhaitent, temps libre pour les autres. Les activités doivent être individuellement encouragées, mais aucun résident n'est forcé. Ils doivent en revanche passer les deux heures prévues pour les activités en groupe en un temps libre encadré. Cependant, il est toléré que les résidents restent aussi dans l'espace commun de chaque section, autour d'un petit coin cuisine, d'un salon avec télé et musique, qu'il faut aussi animer. J'ai participé à ce temps libre hier: c'est apparemment l'activité favorite de la plupart des résidents. Je m'insèrerai dans les activités spécifiques une fois que je serai mieux familiarisé avec l'endroit et les personnes.
Temps libre du matin: séance DVD avec "l'Age de Glace" dans la grande salle télé du sous-sol, ponctuée de navettes auprès de ceux restés à l'étage.
Ensuite... C'était normalement ma pause-repas du midi. Au choix: quitter l'établissement, prendre sur place un plateau-repas à 3 euros et le manger à l'atelier-cuisine désert... Sinon: repas offert si pris au restaurant en compagnie des résidents. C'est ce que j'ai fait (et que je ferai, comme la plupart des autres encadrants). Même si la pause se transforme alors en travail, puisqu'il faut surveiller les quantités ingérées, aider les plus handicapés, participer aux conversations, etc. Ma foi... C'est là une partie enrichissante du travail de la pause !
Puis retour à l'étage et l'Océan pour les médicaments et le café. Une heure de repos pour les résidents, la plupart font la sieste, avant le réveil pour les activités de l'après-midi.
Une visite de M. le Directeur (Oups ! Je n'étais pas allé le voir !) puis de la Directrice-Adjointe (bon...normal qu'on me surveille... je reparlerai de ces deux-là plus tard !).
L'après-midi, j'ai encore participé à l'activité temps-libre. Une balade était prévue, mais les trombes d'eau nous ont fait nous rabattre, avec Fred, l'animateur Mimosa, sur un karaoké (et toujours avec les navettes dans les étages, parler avec tout le monde, prendre le temps de comprendre...). Début difficile, seuls les animateurs chantent ! Beaucoup de résidents ne savent pas lire, il faut dire... Donc on recale sur d'autres chansons, et petit à petit d'autres voix s'élèvent, le plus souvent des cris, des notes et des sons un peu faux, pas bien dans le ton, puis quelques paroles s'y mêlent, et l'effet de groupe joue: une moitié des résidents aura chanté avec nous, les autres auront bien ri. Tout le monde a passé un bon moment.
Et puis déjà des instants plus riches au niveau personnel... Et des questions: doit-on les aider à vivre pleinement leur handicap ou tenter de leur donner des acquis les rendant plus aptes à la vie avec le reste du monde...
A genoux au milieu d'eux pour le karaoké, certains ont remarqué mon tic: je me tripote souvent le petit bouc que j'ai en ce moment au menton. Certains ont donc voulu faire de même, et plusieurs mains sont venues caresser mon menton. J'ai souri et laissé faire ! Mickaël, celui que j'avais aidé le matin pour la toilette, et qui semble s'être un peu pris d'affection pour moi (? dans la matinée, il m'a pris la tête à pleine mains et caressé-ébouriffé les cheveux), s'est un peu enhardi, me saisissant les mains, glissant mes doigts dans diverses positions à l'intérieur des siennes, en riant. Puis d'autres derrière moi ont commencé à tirer quelques cheveux courts sur le dessus de ma tête, me faire des guilis derrière l'oreille, le jeu aussi du "mais qui m'a tapé sur l'épaule ?", des choses comme ça. J'étais plutôt disposé à laisser faire, mais c'est vrai que le karaoké en pâtissait...
Et Fred, l'autre animateur, a repris un groupe de quatre trisomiques, qui s'amusaient à faire tourner un téléphone portable, y répétant chacun leur tour le mot "Amour", et qui commençaient aussi à se faire de gros bisous et câlins...
J'ai donc calmé moi-même le groupe autour de moi, et nous nous sommes recentrés sur le karaoké, que personne ne voulait voir s'arrêter à l'heure de la fin des activités. On a débordé de l'horaire par une dernière chanson supplémentaire: "Banana Split", de Lio !
Enfin, j'ai rejoint mon étage, pour un goûter dans notre foyer de section. Puis dernières (non, pas encore !) infos de cadres, procédures etc avec Sylvia avant de partir (déjà une demie-heure d'heures sup !)
Voilà, voilà ! Qu'en dîtes-vous ?
Au fur et à mesure que je me serai familiarisé avec toutes ces nouveautés et bousculades de mes habitudes, je ferai aussi bien-sûr mieux connaissance avec chacun des résidents, et vous raconterai d'autres détails, sûrement d'ordre plus intimiste et émotionnel. Les premiers temps sont toujours plein de surprises...
Pas d'effet de texte aujourd'hui: je vais vite manger pour aller embaucher à 14 heures !
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