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Le Pays d'Olivier, l'Arbre et le Net
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22 juin 2008

Chaleur de Fête

Un samedi et du soleil pour ce premier jour de l'été, lendemain du solstice, cette année. Liesse populaire de la foule pour cette soirée de Fête de la Musique.

Avec Seb, nous avons pris la direction du centre-ville de Bordeaux vers 21h30. La fête commence à notre station de tramway. Les rames sont bondées, il faut lentement se tasser à l'intérieur pour pouvoir y monter. Mais contrairement à la cohue habituelle des heures de pointe, l'ambiance est détendue, souriante: nous allons tous faire la fête ! On s'applique à s'imbriquer dans l'espace pour que tout le monde puisse embarquer, on rit de ne pouvoir s'accrocher qu'à ses voisins, on attend ensemble la libération pour retrouver l'air libre et les occasions d'étancher sa soif. Un trublion demande tout haut qui lui a touché les fesses, car attention, il aime bien ça...!

Le lâcher se fait à la station Mériadeck, le trafic du tram étant interrompu dans tout le centre-ville pour une meilleure sécurité. Le flot humain se disperse dans les rues avoisinantes, rejoignant tous les cortèges déjà en place. A vue d'oeil, ce sont peut-être 200 000 personnes qui déambulent dans les rues de Bordeaux. Sous la lumière rose-dorée du soir, les façades blanches de la ville, statiques et enserrées de mouvement, baignées d'un tumulte musical au lieu du bruit des moteurs, ressemblent à un décor de cinéma.

Nous commençons la balade par la Place Gambetta. Les premières notes qui nous captent sont celles de cornemuses et de bombardes sur un roulis de tambours. Nous regardons quelques minutes une danse traditionnelle bretonne, toute en magie simple de sautillements d'ensemble qu'on a envie d'imiter.
Puis sur le cours de l'Intendance, c'est un groupe de rock qui prend le relais pour nos oreilles, quelques mètres plus loin le son est électronique avec un concours de DJs.
La Place de la Comédie est silencieuse à cette heure-là, nous nous laissons guider vers les quais. Mais rien non plus de ce côté-là:les installations pour la Fête du Vin qui débute la semaine prochaine sont cernées de barrières et surveillées par des maîtres-chien... A Bordeaux, on ne mélange pas les torchons et les serviettes ! Le miroir d'eau ne fonctionne pas, seule la Garonne nous apporte un peu de fraîcheur, au son de quelques groupes de djembés installés là, avant de repartir vers l'animation des rues.

Les notes nous guident vers Saint-Pierre. De l'électronique encore, avant une danse orientale devant un petit restaurant. A côté des groupes de musiciens, quelques SDF à leur place sur les trottoirs participent aussi à la fête...
La foule se densifie dans la moiteur ambiante. Toutes les couleurs de peaux se mélangent à égalité. La jeunesse est là en force et se défoule en masse, quelques familles, quelques enfants, mais peu de personnes âgées.  Des mains aux lèvres, l'alcool désaltère et enivre: bière surtout (comme pour nous), au verre, en cannette, en bouteille. Beaucoup de vin, de mélanges préparés à l'avance et quelques alcools forts purs. En cherchant bien, quelques jus d'orange et sodas, de l'eau...
De la Porte Cailhau avec un groupe particulièrement comique jusqu'à la Place Camille Julian, c'est le rock et les guitares électriques qui dominent l'ambiance musicale.

A Saint-Projet, un groupe de reggae pour un public enjoué. Nous nous mêlons à la danse langoureuse quelques instants.
Tout le long de la rue Sainte-Catherine, c'est un tramway humain aux stations musicales: rock encore, reggae aussi, djembés, électronique, des groupes ou des solistes se succèdent. Un chanteur Noir au timbre doux et mélancolique, à la guitare électrique calme, m'a bien plu, ainsi qu'un groupe de percussionnistes, unis dans l'émotion des vibrations de leur musique au rythme effréné.
Le programme officiel annonçait aussi des chants basques, des salsas, mais on ne sait plus ni où ni quand ! Nous sommes emportés par la foule, on se faufile, on se frôle. Je ne m'étais jamais retrouvé pris dans un tel mouvement joyeux.

A la Victoire, les concerts semblent finis, mais pas ceux des restaurants de la rue du Mirail. A Saint-Michel, sur la place, rien n'a eu lieu. Nous soufflons un peu, l'animation est celle d'un soir ordinaire. Nous nous reposons encore un peu plus loin, côté quais, sur un banc avant la Porte de Bourgogne, au son d'un concert Raï donné dans l'un des bars. Evasion mentale dans l'Orient, plongée dans le voyage et l'aventure, accentuée par la douceur de la nuit...

Vers minuit, après être passés sous la Grosse Cloche et par la Place Lafargue rénovée, nous sommes de nouveau dans la rue Sainte-Catherine, la remontant cette fois. Le ciel commence à se zébrer de grands éclairs, tandis que nous croisons une bagarre, les premières personnes affalées contre les murs et les premiers vomissements alcooliques. Les poubelles ont débordé depuis longtemps et les bouteilles s'entassent au sol. Du verre brisé craque parfois sous les pas, autres notes...

La musique a pris possession de la place de la Comédie, un petit orchestre joue de la musique de fanfare devant le Grand Hôtel. Mais après les éclairs, les premières grosses gouttes de pluie s'écrasent sur les visages. Un peu de fraîcheur bien accueillie, tout en songeant à la recherche d'un abri. L'orage gronde...
Nous nous arrêtons sous l'avancée de toit de la petite cabane d'informations touristiques des Allées de Tourny, près du manège. Il était temps: l'averse s'abat, drue, violente et soutenue. Commence alors un ballet désorganisé de courses effrénées pour trouver un abri. Beaucoup se réfugient sous le porche du Grand Théâtre, l'orchestre aussi, qui n'a pas cessé de jouer. Grâce à eux, l'ensemble est chorégraphie.
Quelques personnes rejoignent notre abri. Je prête mon téléphone à une jeune fille pour qu'elle puisse retrouver ses amis. Un groupe d'adolescents décide de braver la pluie et court sous les trombes d'eau.

L'orage s'éloigne au bout d'une vingtaine de minutes. Nous apprécions l'atmosphère rafraîchie, mais l'ambiance semble elle aussi émoussée. Beaucoup d'orchestres et de musiciens ont du protéger leurs instruments. Restent les sonos et les bars.
Nous avions pensé pousser nos pas jusqu'aux Chartrons et revenir par la Place des Martyrs de la Résistance, pour un aperçu complet de la musique dans la ville, mais la pluie nous ayant interrompus, nous commençons à ressentir la fatigue dans nos jambes après trois heures de piétinement.

Nous rejoignons donc Mériadeck en passant par Pey Berland. L'ambiance est en effet retombée, plus de musique ici. Cela me laisse le temps de m'exaspérer trente secondes sur les affiches immenses placardant la mairie pour la candidature de Bordeaux Capitale Européenne de la Culture en 2013, construite et décidée fort loin des bordelais (on veut un Zénith, nous !).

Vingt minutes d'attente avant le passage du tram, la foule a le temps de s'amasser sur le quai. Même cohue qu'à l'aller, atmosphère encore un peu plus "allumée". A saint-Bruno, on change notre conducteur qui n'a même pas pris sa coupure (les trams circuleront toute la nuit...).
A François Mitterrand, nous descendons et retrouvons le calme mal éclairé de notre Bordeaux périphérique.
Nous nous désaltérons abondamment pour compenser la sueur donnée à la chaleur de cette nuit, avant de nous endormir, vers 2h30. Sur les images colorées de la joie violente, et quelques notes, de cette fête de la musique...

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Commentaires
P
j'ai oublié de dire que oui, ce n'était pas désagréable pour nos oreilles, même si on est pas resté longtemps.<br /> <br /> Je viens d'écouter sur myspace, c'est doux, j'aime bien.<br /> <br /> Oliv'
P
je pense que c'était bien de Pink cloud dont je parle dans mon article sympathique (merci).<br /> <br /> Par contre, on débutait la balade, on ne s'est pas arrêté assez longtemps pour pouvoir vraiment apprécier.<br /> Perso, je n'aime que certains morceaux de rock, j'essayerai de prendre le temps d'aller écouter (et alors pour la pub, c'est deux euros par accès !!)<br /> <br /> Oliv'
P
Article très sympatique ! Nous étions au niveau du cours de l'intendance, au bar rouge en face du bistro romain.<br /> <br /> Peut-être qu'il s'agit de nous dans l'évocation "Puis sur le cours de l'Intendance, c'est un groupe de rock qui prend le relais pour nos oreilles", en espérant que vos oreilles ont apprécié :)<br /> <br /> Nous espérons que notre musique vous a plu, et vous pourrez écouter des titres en version acoustiques (bientôt des extraits de concerts rock et des photos) sur http://www.myspace.com/pinkcloudmusic. Nous avons également une vidéo et des photos sur le myspace de la Cave Belge : http://www.myspace.com/lacavebelge<br /> <br /> A bientôt !
P
de rien. Pas facile à raconter, la musique. Les musiques, dans ce cas là.<br /> <br /> Oliv'
C
merci pour cette promenade musicale dans Bordeaux. Manque juste la bande son!<br /> j'ai essayé d'imaginer.<br /> CH
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