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Le Pays d'Olivier, l'Arbre et le Net
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17 juillet 2008

Douce France (1/4)

Long weekend de fête nationale, les jours du peuple, le souvenir festif de la Révolution. J'ai eu envie d'une escapade dans les vestiges du temps, qui ont gardé la vie dans la chatoyante France rurale d'aujourd'hui.

Dimanche, j'ai eu un peu de mal à décider Sébastien, peu aidé par une météo assez incertaine. Mais j'ai insisté... Je sais combien il m'est reconnaissant, chaque fois, de donner vie à ces voyages à deux sur mes itinéraires bricolés. Seule idée précise avant notre départ: visiter le Château de Bonaguil, et des esquisses d'un repas dans un petit restaurant, d'un feu d'artifice dans un petit village...
Nous déjeunons rapidement, puis chargeons la tente, quelques vivres, mon guide de la route et mon Guide Vert dans la 1007, et nous décollons vers 14h30, lui au volant, moi étudiant la carte pour décider du parcours dans la multitude offerte par le réseau routier.

Nous quittons Bordeaux par l'A62, pour fuir rapidement la ville. Nous en sortons à Marmande, pour aussitôt plonger dans le calme de la campagne du Lot-et-Garonne. Les routes se font chemin le long du Canal de Garonne. Nous enjambons de petits ponts sur la voie d'eau bordée de platanes, une paix fraîche nous enivre au fil des petits villages et de leurs haltes nautiques. Fourques, Caumont, le Mas d'Agenais nous emmènent jusqu'à Tonneins, où nous franchissons la Garonne. Nous y reprenons de plus grands axes, passant le Lot à Clairac - nous sommes bien en Lot-et-Garonne !
La route est un peu moins agréable ensuite, de déviations en zones commerciales, malgré les échappées sur le paysage agricole. Nous avons du mal à respecter les limitations de vitesse, le régulateur est sollicité, en passant au large de Sainte-Livrade-sur-Lot et en abordant Villeneuve-sur-Lot. Là, nous frôlons le centre-ville. Un feu rouge nous permet de détailler quelques instants la Porte de Pujols et de distinguer le haut clocher de briques rouges de l'église Sainte-Catherine.
Puis nous filons vers Fumel. La curieuse église Notre-Dame-de-Peyragude, sur la hauteur qu'occupe Penne d'Agenais, attire notre regard et nous incite à notre première pause, le temps d'une photo. Nous y monterons sûrement un jour...

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L'heure tournant quand même, nous ne nous attardons pas, et évitons Fumel par le paysage standard des enseignes commerciales périurbaines. Le charme réapparaît à Condat, où nous prenons de petites routes serpentant dans les collines boisées, à la frontière du Lot-et-Garonne et du Lot.
Et vers 17 heures, au détour d'un virage, sous la lumière dorée de la fin d'après-midi, apparaît l'imposante masse de pierres du Château de Bonaguil, dominant le petit village à ses pieds, dans son nid de verdure forestière. La rencontre est saisissante. La beauté pittoresque du lieu nous catapulte dans l'Histoire comme dans les souvenirs d'enfance. Rien que pour cette vue, s'il n'y avait qu'elle, je referais le voyage !

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Nous nous garons au pied de l'ensemble et gravissons la butte, par la ruelle s'élevant entre les commerces des artisans. A mesure, les murailles de pierre se font plus impressionnantes. Approchant de l'entrée, d'autres étages et niveaux apparaissent en découvrant les fossés. Sous ses airs farouches de citadelle imprenable, le château attise la curiosité et nous invite, finalement, à entrer.
Nous nous acquittons des six euros chacun, puis franchissons la porte de bois massive de la barbacane. La stupeur émerveillée gagne encore en intensité devant les tours rondes et massives, le fin donjon en forme de proue, les ponts hardis sur les fossés, la porte monumentale sous les créneaux, que nous ne franchissons pas encore... Un quart d'heure nous sépare du départ de la dernière visite guidée du jour, le temps de nous habituer à la majestueuse puissance bâtie dans les siècles et dans la pierre.

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Puis la visite commence, avec un jeune et charmant guide, intarissable de détails sur l'Histoire de France et sur le monument. Bonaguil est "le" dernier château fort bâti en France, aux 15è et 16è siècle, à une époque où le style Renaissance se répand déjà, et dans une région pacifiée, où l'on ne craint plus de guerre contre les Anglais. On doit cette particularité à Béranger de Roquefeuille, ardent défenseur des valeurs nobiliaires ancestrales contre les nouvelles fortunes qui achètent leur noblesse. Il a bâti cette forteresse comme un symbole de la supériorité des lignées de noblesse l'ayant acquise par l'épée, par l'impôt du sang, disait-il, contre l'impôt fiscal dû par les autres classes.

Plus tard, au 18é siècle, Marguerite de Fumel fait l'acquisition du château. Elle en améliorera le confort, l'habitabilité et l'agrément.

Racheté en 1860 par la mairie de Fumel, la lente restauration n'a débuté que dans les années 1970.

Bonaguil est ainsi un joyau architectural. Jamais attaqué, il ne porte que la ruine du temps et de la Révolution, où il a été découronné de ses toitures, à la fois pour détruire les girouettes, symbole de la noblesse, et pour alimenter en bois les armées révolutionnaires contre celles des monarchies d'Europe.

Il présente notamment un exceptionnel ensemble de fortifications défensives, basé sur les systèmes d'enceintes, aux murs épais de 4 mètres, et de fossés, issus des techniques du Moyen-Âge, auxquels ont été intégrés les évolutions dues à l'apparition de l'artillerie: casemates, canonnières, et autres chicanes qui préfigurent l'architecture militaire de Vauban.

Le château de Bonaguil possédait aussi un système d'égoûts et de distribution d'eau, mieux que Versailles, des jardins dont il ne subsiste aujourd'hui que la terrasse qui les a portés, et des pièces utilitaires à la pointe du confort et des techniques de l'époque, tel le fournil, avec son four pour le pain et un autre pour les pâtisseries (désignant les pâtés, à l'époque), et entouré de pièces d'habitation ou de commodité comme les latrines, qui bénéficiaient ainsi de la chaleur fournie par la boulangerie.

Notre guide distille ces informations alors que nous explorons d'abord la partie la plus ruinée du château, selon un circuit faisant le tour des enceintes et des fossés, passant par la petit grotte naturelle présente sous l'édifice, jusqu'à la terrasse puis la cour d'honneur. Des vues sans cesse renouvelées sur les pierres, les pans de murs, des cheminées comme suspendues, le tout dominé par les 35 mètres de la grosse tour ronde et la silhouette effilée du donjon, du haut duquel des vues plongeantes sur le château et la petite église Saint-Michel qui le jouxte clôtureront la visite. L'imagination vagabonde...

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Si ces vues magistrales sur l'ensemble ou des parties des ruines est l'attrait principal de Bonaguil, des intérieurs sont aussi visibles au cours de la visite. Il s'agit de casemates et de souterrains dans la partie des enceintes, et de pièces remises en état, parfois redécorées dans le dernier style d'habitation du château (salle à manger, chambre et oratoire dans et autour de la tour ronde, sans affectation encore dans le donjon). On peut alors admirer tout le détail de l'assemblage des pierres et leur nombre impressionnant pour édifier tous ces murs, comme la hardiesse et la minutie des voûtes, les imposants plafonds de bois. Dans la tour ronde, des graffitis de la main des propriétaires ou de leurs visiteurs témoignent aussi de l'histoire de la forteresse.


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Tout au long de la visite, la position dominante de Bonaguil offre aussi des vues, cadrées par les ruines ou plus dégagées, sur les vallons environnants, leurs forêts, leurs champs, de jolies bâtisses isolées et le petit village massé au pied du château.

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Nous avons quittés la forteresse parmi les derniers visiteurs, vers 19h30. Nous avons rejoint la 1007 garée en bas du village retrouvant peu à peu sa tranquillité après l'afflux des touristes.
Un dernier regard à Bonaguil, et nous repartons sur la petite route des collines, sinuant entre bois, champs et hameaux, vers le décor de notre soirée, quelques kilomètres au Nord, dans la vallée de la Lémance...

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Commentaires
B
Bonaguil est beau, et, nous avons de la chance, photographié avec intelligence
P
Chantons en choeur, les filles, vous avez de beaux souvenirs, et de belles destinations !<br /> Ravi de vous les rappeler !<br /> <br /> Et je vous raconte la suite...<br /> <br /> Oliv'
P
Oh !<br /> Me voilà projetée 15 ans en arrière, quand on est parti en vacances chez mon oncle : sa maison de vacances à Marmande. J'crois qu'il y vit maintenant, abandonnant sa maison parisienne (et la vie qui va avec) dès les premiers jours de sa retraite), préférant lézardé de ce côté !<br /> Que de souvenirs :D
S
J'ai visité ce château l'été dernier, merci pour ces photos qui me rappellent une agréable visite !
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