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Régime Balade, Médaille Ensemble
Dernier weekend d'octobre, et dernier weekend programmé sur l'UH. Prévenu la veille que je travaillerai le samedi jusqu'à 18h30 au lieu de 14h. Prévenu le samedi matin que mon boulot me ramène sur Bordeaux, pour accompagner les résidents à une manifestation sportive. C'est donc parti pour une journée à 240 km de route...
Situation habituelle pour un intervenant socio-éducatif intérimaire... Avec ses bonus... Lieux de travail multiples ; Salaire minimum ; Droit à formation: 0 ; Droit à (vrais) congés: 0 ; Droit de cotiser pour une caisse complémentaire de retraite, par contre...
Et la possibilité d'être ravi de sa journée de travail, comme ce chouette samedi.
Après les 40 min de trajet en Trafic avec un groupe de cinq résidents, nous embarquons dans le tramway à Pessac. Direction Bordeaux-Centre et la Place Pey Berland, où se tient la Journée Pour un Sport Ensemble, manifestation de soutien au Handisport et de rencontre entre handicapés et valides. Sacrée équipée, avec notre glacière pour le pique-nique...
A destination, on commence par un rapide tour de la place, animée de différents stands à l'est de la cathédrale, et de la voix de l'animateur au micro.
Puis au stand d'information, on nous propose de constituer une équipe, mélangeant valides et handicapés, pour participer au parcours de découverte. J'inscris tout le monde. David, un (charmant) étudiant en licence pro pour encadrer du sport adapté, rejoint nos rangs, pour nous guider sur la place. Je confie la garde de ma glacière à l'accueil, et nous voilà partis dans des épreuves de sarbacane, de tir-à-l'arc, de pétanque, d'escalade, d'escrime, de golf. En certaines occasions, certains valides pourraient passer pour handicapés, et inversement !
Chacun surpasse ses petites appréhensions, se lance de petits défis dans un esprit joueur et pédagogique. Sensations et émotions.
Nous coupons la journée pour aller pique-niquer dans les jardins des quais. Malgré le soleil, le fond de l'air est un peu frais, et nous marchons pour digérer et nous réchauffer. Une pause coup-d'oeil au Pont de Pierre, un arrêt-surprise sur le miroir d'eau avant de traverser la Place de la Bourse, pour prendre la direction du Grand-Théâtre par le Cours du Chapeau-Rouge. Encore un petit détour par la rue Sainte-Catherine, avant de bifurquer à Saint-Projet vers Pey Berland.
Nous retrouvons David, mais avant de poursuivre notre parcours, d'autres retrouvailles m'attendent: Océane et Virginia, de mon premier foyer, sont venues accompagner elles-aussi leurs résidents. Papotages et échanges entre tous. Un peu plus tard, comme je m'y attendais, je croiserai aussi Rebelle, fringant dans son survêtement le Coq Sportif. Le sport, c'est son domaine !
Pour mon équipe, les dernières étapes consistaient en un parcours en fauteuil roulant, un parcours avec les yeux bandés, et un jeu de ballons avec les oreilles bouchées, pour imaginer la cécité et la surdité. Nous nous en sommes plutôt bien tirés.
Nous avons eu le temps ensuite de regarder d'autres sports en démonstration, comme le rugby en fauteuil, suivi de quelques mots de soutien et d'encouragement du rugbyman Thierry Dussautoir, qui s'est aussi prêté au jeu des autographes. J'ai poussé l'un de mes résidents à en obtenir un !
Comme l'après-midi avançait, j'ai décidé de ne pas attendre la fin de la manifestation, pour pouvoir rejoindre Pessac d'abord, et le Bassin ensuite, sans trop de foule ni de circulation.
Nous marchons donc jusqu'à la Place de la Victoire pour reprendre le tram. Nous en laissons passer trois, bondés. Et alors que nous allions monter dans le quatrième, l'une de mes résidentes me fait remarquer que nous n'avions pas la glacière... Mince, je l'ai oubliée à l'accueil à Pey Berland ! Nous voilà donc repartis dans l'autre sens. J'accélère un peu la cadence, car cette fois-ci l'heure tourne vraiment. Et le destin nous prépare une ultime péripétie...
Arrivés sur la place, je fais attendre mon groupe à un angle et traverse seul les stands pour aller récupérer la glacière. Je l'attrape sous la table où je l'avais laissée. La manifestation se termine, c'est l'heure des discours sur l'estrade. Apercevant Océane dans le public, je vais lui faire un dernier bisous, avant de reprendre la direction de l'angle où attendent mes résidents. Et alors que je suis entre le public et l'estrade, j'entends au micro le nom de notre UH, qui était aussi le nom de notre équipe.
Je lève le nez de mes pas, évalue rapidement la situation autour de moi et comprend que c'est une remise de récompense. Je bondis sur l'estrade, glacière au bras, avant que le silence ne nous déclare absents :"C'est moi ! enfin, c'est nous !... Faut que j'aille chercher mes résidents... On a gagné ??" Et je laisse ma glacière au milieu de l'estrade pour courir appeler mon groupe. Ils sont tout aussi surpris que moi, on se hisse tous sur l'estrade où on nous remet des médailles de bronze et un diplôme. Nous sommes donc troisièmes !
On nous fait nous retourner face au public applaudissant nos faces hilares, et j'adresse un petit salut de la main à la foule, à Océane qui me rend mon sourire, alors qu'au micro, sur la Place Pey Berland, on prononce mon nom...!
C'est donc assez excités que nous avons enfin pris le chemin du retour. Nous sommes arrivés à l'UH juste pour l'heure de ma débauche... j'ai donc fait une petite heure supplémentaire pour les échanges avec mes collègues, mes transmissions écrites et photographiques, un petit bilan avec les participants, et le rangement de la glacière, personnage-clé de la journée...!
Je n'ai pas noté ce temps... J'avais en tête la magie des petites péripéties de la vie, et quelques images.
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