Bassin, Phare et Cap...

Océan, Forêt, Mimosas... Entre les Mondes, c'est Ailleurs...

Douce journée loin des écrans, hier. Equilibre en tandem, goûtant les instants vivants de découvertes.
Avec Seb, nous sommes partis vers midi pour le Cap Ferret, rendre visite à la Nature en cette belle journée de Février.
Comme à chacun de mes voyages vers le Bassin d'Arcachon, les émotions d'émerveillement créées par ce site exceptionnel se combinent aux souvenirs d'une classe de mer d'un jeune garçon venu des montagnes, il y a 20 ans...

Quand nous foulons le rivage sur la Conche de Mimbeau, c'est marée basse. Nos pieds nous entraînent sur le fond du Bassin, si typique. Nous l'observons, cheminant entre les bateaux couchés: les teintes, les algues, les traces des vers des sables, les flaques, les oiseaux. Les fragrances des terres et de l'eau guident nos narines, et nos pas s'adaptent aux différentes textures que nous traversons, sur l'arrière-plan des parcs à huîtres et des travailleurs ostréicoles, sur l'horizon massif de la Dune de Pyla.
Nous rejoignons la berge et un banc pour notre pique-nique. Un chien vient nous rendre visite. Puis nous repartons à travers les jardinets et les cabanes de bois colorées des pêcheurs et des ostréiculteurs. Un chat dort d'un oeil, au Soleil.
Comme le Phare est ouvert, nous décidons d'y monter. Une découverte pour Seb, un troisième regard pour moi: celui du jeune garçon en classe de mer, celui d'un visiteur accompagné de ses parents il y a deux ans, et celui du jour. J'ai de nouveau apprécié l'Allée des Couleurs, et les vertiges du panorama après les 258 marches, sous le gros oeil rouge endormi.
Emus et dynamisés, nous redescendons pour entamer le tour de la Pointe. La marée montante remplit la conche. Nous voilà marchant plein Sud, le long de la digue côté Bassin. Le ciel se dégageant encore et la lueur glissant progressivement vers le doré, nos regards ont capté différents éclairages des vues sur le Bassin, la Passe et la Dune. Tandis que sur notre berge, entre eau et jardins, nous rêvions de royaumes tranquilles presque à chaque superbe villa ou cabanon sur notre chemin... Nous nous égarons et butons sur des impasses privées avant d'arriver à la Pointe, où les promeneurs contemplatifs sont plus nombreux.
Au bout du Cap, l'Océan montre sa force. La houle est puissante. Les vagues s'affrontent sur le conflit des courants. Le vent nous colporte l'impressionnant fracas.
Saisis d'immensité, nous nous éloignons du bouillon pour l'abri du sable. Après la quelconque Croix des Marins et les deux puits de pétrole désaffectés, nous ne croisons plus personne sur le sentier des dunes. Entre les courbes sableuses piquées de fine végétation et la frange anémomorphosée de la forêt, nous serpentons dans une intime solitude. Les ajoncs et les majestueux arbousiers sont nos jalons entre les senteurs sèches du sable et du sel et les parfums ennivrants de la forêt de pins, suavement soulignés des trilles olfactives distillées par les petits pompons jaunes des fleurs de mimosas.
Alors que le jour tombe, nous escaladons la dune pour un dernier regard à l'Océan. Un peu à l'écart des déchets de l'hiver, nous nous asseyons quelques instants sur la plage. Quelques palets bretons pour reprendre des forces en nous offrant aux derniers rayons du Soleil qui se couche. Les orangés et les mauves scintillent sur les remous des flots, les roses découpent les nuages au loin, et la fraîcheur de la nuit s'apprête à descendre sur le roulis.

Sur le tapis moutonnant de la cime des arbres, la pulsation rouge du phare dans le soir naissant nous ramène par des rues vers notre point de départ.
Puis le retour à la ville et toutes ses lumières...

Reportage à 4 mains